Le fumet de la Rose

Publié: 25 mars 2016 dans Tous ensembles

au goût des songes passés…

Ô Water-closet, morne cuvette
Sur ton siège je pose ma Lune féconde
et si ronde et si pleine de chair
et de poils ombrées.
De ton trône émail l’huis elle en éclipse
tel le pousse-bouchon, sur la corolle du goulot
en obture l’orifice.
Elle luit quoiqu’en peine, rose pâle et palpite
Au progrès de l’œuvre en elle qui s’échappe
Au delà d’elle et par dedans l’antre du trône
Comme un son lointain du corps qui s’en irait répercuter sa peine
Contraint par la rage d’un œil soudain devenu sombre
Au regard infini de la soupe bleutée.
CHPLONG ! … Plouf!… Plic. Plic. Plic. Ploc… ploc !

Oh, water-closet, froide soubrette
du fond du trône tantôt limpide
m’éclabousse l’écho de la chute fécale :
quelques gouttes de rosée sur la lune féconde
quelques gouttes d’une autre brillance
et qui mordent la chair
comme pour y attiser le regret.
Le corps s’affaisse, les pensées se bousculent
Moles ou dures.
Une main fébrile s’empresse et se tend
vers la feuille en papier toute prête et servile,
la prend, y étale
les restes insupportables d’un songe exproprié
avant qu’ils ne plastronnent, croûte aride et brutale
sur le pourtour de l’anus soudain devenu sale
comme un carcan de l’âme qui n’aurait pour le jour,
que la vocation d’un grattoir.

Oh water-closet, cabalistique tirette
Châsse d’eau, chasse d’oubli
envoie les trombes, déluge infernal;
exile choses et cries de la sébile émaillée
vers d’autres yeux moins dépités
rafraîchis de ton vent mes chairs de lune
soumises en ton assiette cristalline
et rend à mon orifice surplombant l’édifice,
la clarté de l’esprit qui féconde le temps
de ses rêves d’homme
traçant d’autres lignes, autrement faites
dans le champ fleuri de l’histoire universelle

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