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Le Coq et l’Endive

Publié: 6 novembre 2014 dans Fables pour compères
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Maître coq, dans une ferme logé
Tenez en son fief bon langage
Quand bien même le ver au dîner
Parfois s’abstenait.
L’endive voisin, Maître blagueur affiché,
Lui tint en ce jour son verbiage :
« Ô du coq, mon bon monsieur du clocher,
Que ferez-vous quand vermines ne seront plus ?
Sans mentir, si vous m’accordiez votre suffrage
Du bon ver, à vos pieds, s’en viendrait des fromages »
A ces mots notre coq qui, au bien entendu
Portait la foi soupçonneuse
Entreprit son fier blablateur sur la façon
De cette joie prometteuse
— Je vous assure qu’avant peu sous la glaise
Votre bec y trouvera tout à l’aise.
Se gonfla, tout en claque, ce fanfaron.
— Tu proposes vermisseaux quand je vois feuilles grasses
Un bon tiens vaut mieux que tu l’auras, trouble face !
Et Maître Coq sur l’endive de se servir
Qui détala tout juste, pressé en fond de cuir…

Ami, comprends-tu le grand coq qui vol’ sur
la bedaine ?
Ami, entends-tu le bruit lourd du nanti
qu’on égraine ?
Oh hum uh uh hum uh uh hum uh uh uh hum uh uh hum…

Fable d’horreur pour compères déplaisants

Un petit chou, baigné de jus en sauce rôti,
Petit mais fort en gueule pour les coûts et douleurs
De Bruxelles, envoyait des anathèmes sus-crits
Aux zèbres choux rayés de rouge, vert, blanc ou fleur
Betterave et endive ou radis tout en beurre
Tous mijotés dans la bile amère et servile
Du sus-nommé, regrettable.

Notre endive gauloise, Chicon d’amour premier
Du nord, au sud Blafarde amère aux gosiers
Se devait de commettre entre altesses d’aigreur
Un édit fort conter qui ne fut pas d’honneur
Quand Dagobert on vit pour dompter le néfaste
Mais suave au souhait pour lutter de contraste :
Que pouvait-y donc, l’ineffable ?

Qui n’a plus ses racines, chancelle au pied des tours !
Qui n’a vu que la cave, cramoisit au séjour !
Qui s’octroie des rebours, s’y connaît en détours !
Alors quoi ! Qui ne veut mais ne peut, passe son tour !
Et toi, coq indolent qui s’en fut au blaireau,
Scelleras-tu ton bec sous les dents d’un gogo ?

Adieu Maître Coq, fier des Gaules et joli cœur,
Paix à l’âme
Adieu la cocarde, liberté, égalité,
Frères d’arme
Universel sonneur retrouve ta gamme
– à trop mettre le « la » on en courbe le dos –
Et fête à l’unisson le point à l’horizon

Fable d’horreur pour compères déplaisants

Dans un potager
Libre de jardinier mais pas de servage
Enflait une querelle pour savoir
Qui serait de l’Ubac, qui de l’Adret
Sous cette chape de plomb prise au ciel
Nous laissant en tombeau

La chlorophylle venant à manquer
Et le jaune devenu pâle
Comme une endive au caveau,
Un pacte fut régler pour l’acquis d’une ampoule
Sans oublier les seaux d’eau.

Les légumineuses figures,
Tour à tour bien éclairées
Entre alternances ombrageuses,
S’adonnèrent au néon en hémicycle rangées
Sans plus besoin d’écriteau.

Un coq, des champs sombres alentour,
Dépressif et migraineux, moribond,
Vit là à son cou, le coup fatal assené
Qui, de tout au jour ou tout à la nuit
Ne pouvait être le pipeau.

Décidé à se pendre pour échapper au supplice
Et cherchant une corde en paille complice
Du coq tomba sur un fil réputé électrique
Menant au potager en version luminique
Au plus haut d’un escabeau
A la source.

Vas-y, coq !
Oui va au perchoir, aux manettes du pouvoir
Ô sésame
Inscris ton credo, tes couplets et partitions
Au programme
Chante coq, chante et sonne le jour
Qui à tous donne l’heur
D’engranger

Fable d’horreur pour compères déplaisants

Monsieur l’ Endive gardait le souvenir
D’ une enfance heureuse,
Béchamel et compagnie,
Roulé dans son jambon, noix de muscade

Mais quand l’âge fort fut venu,
Solitude et amertume
En cocotte à vapeur
L’installèrent dans son aigritude

Mal aimé des gratins
Il invita à sa table un plus fort que lui
En bonne place sise à sa droite,
Au calcul d’en regagner un peu de douceur

Ainsi vint le Radis, Monsieur droit comme un i
Chef de botte aux fanes flétries
Cul rouge et blanc bonnet
Bouche chaude et beurre salé

Mais pour quel esclave affamé
Sous le joug d’un estomac torturé
Telle mixture serait bonne à avaler
Même cuite aux fleurs piquées ?

Adieu compagnons, troubadours et marmitons,
Belles dames
Sur quel menu pourrions-nous danser maintenant ?

Ils sont myrmidons, souffle-court et masque-rond
C’est le drame
Mais d’un coq entier nul ne fera son chapon !

Fable d’horreur pour compères déplaisants

Un Bœuf magnifique pour un peu,
Concourait avec une Endive
Blanche et amère à souhait,
A qui du jour et pour le meilleur
Serait l’élu.
– Je suis fort !
– J’suis marrant !
– J’ai d’ l’allure…
– Je sais plaire…
Clamaient-ils à hue et à dia mais de concert
Par delà l’enclos de leurs fertiles labours.
– Par mon col, lourd, je tire le soc, dur
– Vous êtes la chair qui m’est chère et le cœur qui me lie
– Qu’on m’éventre la terre, j’en extrais les richesses
– Qu’on me sucre ou me sale, j’en connais les promesses
La rime soudaine,
Soudain les contint…
Aaah ! Silence.

Le coq qui était là, au pied d’un poteau,
Caquetant comme une poule au couteau
Pas plus que le couac ne perçut l’unisson
Et s’en fut, toujours grattant, cahin-caha
Sur le sol endetté de son aire de jeun.

Ohé pauvre coq, laborieux et déprimant
Sèch’ tes larmes !
Sais-tu le huis-clos où se jouent
Tes alarmes ?
Lève la crête, coup de bec et coup d’ergot
Joue tes armes
Tempête et Trompête , rameute la cour
Annonce le jour où le voile obscur
Enfin, d’est en ouest, est levé.

Fable d’horreur pour compères déplaisants