ou quand l’histoire ne change que les costumes
Le 6 juin 1850, un pépiniériste de Bordeaux introduit sur le sol français les premiers ceps américains pour lutter contre un oïdium envahissant. Accroché dans les pieds de la vigne, un vulgaire puceron dont la terre ne connaît pas encore le nom, découvre un monde à l’image de son appétit : riche et vert.
Phylloxera Vastatrix c’est son nom, il le trouve en ce mois de mai 1868. La France viticole et bientôt toute l’Europe derrière elle, intoxiquée par la bête, clame alors son espoir d’avenir et prend le remède qu’elle réclame : le pied américain.
Ainsi à ce jour et depuis plus de 140 ans, la totalité de la diversité de la culture des vignes traditionnelles françaises croît et se reproduit hors sol et sans mariage, alimentée par un treillis de ceps américains de qualité moindre dont l’incontestable singularité est d’être bio-compatible avec le puceron qui un jour se vulgarisa dans un monde riche et vert.
Toutefois, paroles d’un vigneron de Saint Romain en Bourgogne, si l’on plante la greffe trop près du sol, le rameau français, plus vigoureux, développe ses propres racines et s’émancipe du corps étranger. Certes une mort prochaine lui est promise comme elle le fut à Colomb en d’autres temps mêmes lieues, à chaque plongeon de son étrave dans l’océan de nos chimères.